Des pièces à vivre multi-usages, un mélange de styles et de couleurs vives, une pointe d’onirique et de décalé : telles sont les tendances de la déco et du design, un univers en perpétuelle mutation. Quelques éclaircissements avec Véronique Thouvenin, directrice de la communication chez SAFI qui organise des salons internationaux dont « Maison et Objets ».

– Le thème de « Maisons et Objets » était onirique, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Selon nos analyses, il va y avoir une montée de l’absurde et du décalage. Pour ma mère, cela peut paraître encore abstrait. Mais nous pensons que l’idée va se démocratiser dans deux ou trois ans. Nous avons étudié des travaux d’artistes et nous avons remarqué d’importantes créations décalées : des bancs qui poussent comme si on les avait travaillé en trois dimensions, des meubles qui fondent, des télescopages de matière d’époque, des choses qui n’ont rien à voir et qui vont faire miroir, qui deviennent des espaces de projection, de lumière. On va aimer travailler sur la peau de la maison, les sols, les plafonds.


– Comment détecte-t-on les tendances avec deux ou trois ans d’avance ?

Il n’y a pas une, mais plusieurs tendances, ce sont des tendances de fond qui se développent d’une façon régulière, qui sont détectées au départ par des cabinets de prospective. Aujourd’hui, nous préférons le mot « aspiration » à celui de tendance. Les aspirations sont spécifiques à chaque filière : meuble, textile, art de la table. En même temps, elles cohabitent.

– On entend souvent dire de la maison qu’elle est révélatrice de la société. Que révèlent nos intérieurs sur l’évolution de notre mode de vie ?

La maison suit en effet les évolutions de la société. Dans les années 80, la maison avait une valeur refuge, c’était la période cocooning, nous étions dans le repli sur soi. Nous sommes ensuite passés à la période bunkering : on se retranchait dans sa maison, nous étions dans la peur du monde extérieur. La maison est ensuite devenue plus douillette, c’est ainsi que nous sommes entrés dans la période nesting. Aujourd’hui, nous avons une maison toujours aussi douillette mais plus ouverte sur l’extérieur. Le développement d’Internet et des chaînes de télévision ont permis une ouverture sur le monde sans quitter sa chaise.

– Ce qui change aussi c’est la fonction des pièces ?
On est dans une envie de décloisonnement. Les pièces à vivre vont être ouvertes et multi-usages. On veut matérialiser les espaces sans avoir à les cloisonner, à les définir sur un usage. En témoigne, la table. On veut de grandes tables. A table, on va y servir un repas, mais on va aussi jouer – avec le boom des jeux de société.

– Quelles sont les envies des Français en matière de déco : de styles et de couleurs ?

Ce qui est passionnant, c’est l’envie de lutter contre la morosité ambiante, l’envie de liberté et de bien être. C’est une réaction à ce qui se passe autour de nous. Et pour lutter contre la morosité, on va mélanger les style, le total look, c’est fini ! On va avoir des styles qui vont cohabiter. Même si on est toujours en train de revisiter l’idée de son patrimoine et de sa mémoire, on va vouloir mélanger les formes, les couleurs.

– La décoration est-elle encore presqu’exclusivement l’affaire des femmes ?

D’abord la décoration est de moins en moins l’affaire des femmes, les hommes ont de plus en plus leur mot à dire. Et les enfants aussi. Au Salon Maison et Objets, nous avons un univers dédié à l’enfant, de plus en plus de créateurs se lancent dans la décoration des chambres d’enfants. Les enfants sont prescripteurs dans tout, y compris dans la décoration de leur chambre.

– Quel conseil donner aux couples qui n’arrivent pas à s’entendre sur la déco, maintenant que ces messieurs ont voie au chapitre ?

Choisir ensemble les pièces importantes du mobilier, et choisir des valeurs sûres, indémodable. Pour le reste que chacun puisse mettre un de ses coups de cœurs sur des choses plus légères : plaid, coussins, luminaire, etc…

Source : Vivolta

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